mercredi 25 mars 2009

Si Harvey Milk m'était conté...

Il y a à peu près un an, à l'époque où je vivais encore à Bordeaux, j'avais en charge d'organiser l'anniversaire d'une amie, et donc de négocier avec son père l'usage de sa maison pour une petite soirée entre "gens de bonne compagnie".
A cette occasion, j'étais allé le voir seul à seul, à un moment où mon amie n'était pas là (soirée clandestine oblige), et bien que nous ayons réglé la question de l'organisation de cet anniversaire en quelques minutes, je suis resté chez lui pendant près de deux heures...

Bien que cet homme soit un gay aujourd'hui pleinement assumé (qui assume aussi bien sa vie actuelle avec son compagnon que sa vie passée et les enfants qui en ont été le fruit et qu'il adore), ne vous faites pas d'illusions, il ne s'est rien passé ! ;-)

Nous avons juste discuté.

Ca m'a fait un bien fou de parler avec lui, de confronter ma vie, et celle qui avait été la sienne par le passé. C'est lui qui m'a appris une chose fondamentale au sujet de mes parents, alors que je lui disais que je n'étais pas pleinement satisfait de leur réaction après mon coming out. En tant que père de famille et que gay qui a du lui aussi faire son coming out à un âge et une époque où cela avait été nettement moins aisé qu'aux miens, il m'a dit :

"Tu peux demander à tes parents d'accepter ton homosexualité, pas de la cautionner".

C'est idiot, mais je n'y avais jamais pensé avant, et cette phrase résonne toujours en moi lorsque je revois mes parents qui, c'est indéniable, ont clairement accepté mon homosexualité (ils ont même rencontré mon dernier copain), mais ne la cautionnent pas (et soyons honnêtes, ils n'ont vraiment pas à le faire).

Bref, pourquoi est-ce que je vous raconte tout ca ?!
Parce que cette fois là, il m'a raconté sa vie, et le moment où il a commencé à accepter son homosexualité. Pas à l'assumer, mais à l'accepter. Il m'a raconté la première fois qu'il avait été sur le minitel, pour parler avec un autre homme, que cette première confrontation avec sa sexualité l'avait dégouté, au point de quitter sa chaise pour vomir... Il avait vomi de dégout, dégout de lui même, dégout de ce qu'il était, dégout de ce qu'il avait fait à ce moment là et de ce qu'il avait fait de sa vie, alors qu'au fond de lui, il l'avait toujours su...

Ces mots m'avaient touché, mais je n'avais tout de même pas réalisé leur portée avant dimanche dernier, lorsque je suis allé voir "Harvey Milk" au cinéma. Ce film m'a bouleversé ! Dire qu'au début, je ne voulais pas le voir, en me disant que ce serait encore un film d'hétéro, fait par des hétéros, mais sur un sujet homo pour attirer une nouvelle tranche de consommateurs que l'on sait (de notoriété publique) prêts à se déplacer pour "la cause".
Je me trompais, vraiment !

Je ne me rappelle pas avoir jamais pleuré dans un cinéma, et bien ce film m'a fait rattraper mes 24 années de retard... Dire que cela se passait il y a seulement 30 ans... J'ai à ce moment là pris conscience de la portée des paroles du père de mon amie, ce jour là, et j'avoue que j'ai eu très envie de lui envoyer un mail pour lui en parler... Je ne l'ai pas encore fait, mais je le ferai très certainement bientôt.


Je vous recommande ce film, très sincèrement.

3 commentaires:

  1. Il me semble que tu pleures beaucoup jeune homme ^^

    Je pense que le père de ton amie a bien résumé la situation. C'est frakin' lucide...

    Dommage que je ne l'ai pas lue/entende plus tôt, mais mieux vaut tard que jamais lol

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  2. En effet, depuis que je suis a Paris, il m'est arrivé d'avoir quelques sérieux coups de blues et de profondes remises en questions.
    Pour autant, faut pas croire que je pleure tout le temps non plus, in !

    Pour harvey Milk, c'était vraiment la première fois qu'un film m'arrachait des larmes en plein ciné... M'enfin bon, j'pense que le film a été le déclencheur de plein d'autres choses, mais bon, c'est une autre histoire !
    (un futur post, qui sait...)

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  3. Alors, que tu catégorises Sean Penn parmi les hétéros notoires, je veux bien. Ce n'était pas évident de l'imaginer dans le rôle a priori, mais en même temps il est plutôt connu pour avoir un sacré caractère, et donc ne pas accepter un rôle pour le buzz.
    Par contre, c'est tout de même un film de Gus Van Sant, qui est très ouvertement homo. Je ne sais pas si tu as vu My Own Private Idaho, mais si tu réussis à ne pas t'endormir (c'est un peu langoureux, avouons le...), tu pourrais bien verser à nouveau quelques larmes.

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